mardi 1 janvier 2008




J'irai très beau jusqu’au tombeau,

Avec toutes mes dents de lait...
J’irai très beau.

J'irai contre le temps, aussi frais qu'un gardon,
Hérissé comme un chardon, piquant vert et beau...
Jusqu'au tombeau.

J'irai jusqu'au bout de ma quête,
aussi vrai Que l’asticot s'entête à gravir l’abricotier...
J’irai très haut.

 Jusqu’au tombeau, n’accusant plus aucun fardeau,
Ni l’usure de la vie, ni la blessure du fruit...
J’irai très sûr.

 J'avouerai plus ou moins 30 ans, pas davantage.
Du surplus n'ayant point l'usage,
je le mettrai Sous le boisseau.

A l’heure où passent les passereaux, je me rappelle une passerelle vraiment belle qui passa l’hiver dans mon lit, mais sans vouloir y faire son nid... C’était trop beau !

 J'aurais voulu être plus sage, souffrir moins,
N'étant moi-même ici que de passage, demain,
J’irai très loin.

 A l’heure où les corbeaux se défroissent au bois,
D'effroi se courbent les squelettes, mais pas moi...
J’irai très droit.

 J'irai encore têtard, entre ces mamelles
De verdures cambrées, de terres ondulées...
J’irai très tard.

 J'irai longtemps passer dessus les passerelles,
Me faisant un collier des perles adulées...
J'irai très beau.

 Le vent porte en avant mes serments sur son dos...
Et je le suis, fidèle... à mes paroles, à mes ailes...
Jusqu'au tombeau.