lundi 4 février 2008

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J’ignore le temps qu’il fallut à la mer pour s’en aller de là
une fois qu’elle m’eut abandonné, pantelant, sur le flanc...

Mes cales avaient depuis longtemps
mangé autant de sable qu’elles pouvaient


J’ignore le temps que cela prit, mais il y eut, un jour,
de l’herbe fraiche et des moutons paissant paisiblement
au milieu des reliefs épars de ce qui avait constitué naguère
mon élégant squelette

J’ignore le temps que cela prit encore, mais il y eut, un jour,
un chêne qui montait haut et fort depuis le centre de mon être et dont la futaie eut bientôt reconquis
tout l'espace où j’avais autrefois tendu mes toiles


J’ignore finalement combien de temps passa, entre ce jour
où d’arbre que j’étais, on fit de moi ce brigand vagabond,
cette voile des mers qu’on avait appelée ‘Lily’, et ce jour
où je revins enfin, de moi-même, à être un arbre sur la terre

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